Chapitre 3
Les Rois chez les Guénette
Avertissement
Ce chapitre est un mélange — heureux, souhaitons-le — de faits réels et de fictions au plus près de la vérité.
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Marie-Rose est coquette, mais, en ce froid matin de janvier, sa nervosité l’emporte sur sa coquetterie. En revenant de la messe à l’orphelinat des pères montfortains, elle est entrée dans la petite chambre qui lui est réservée dans son école. Comme Maxime vient la chercher pour le dîner des Rois dans sa famille à Morin-Heights, elle veut être à son avantage et faire bonne impression. Elle étrenne une robe et un chapeau, que son amie madame Savaria lui a confectionnés. Elle a choisi le modèle du chapeau dans une revue de mode.
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Sœur Saint-Jean-Népomucène lui a souvent reproché sa coquetterie quand elle étudiait au couvent des Sœurs de la Charité, à Cap-Saint-Ignace. Comme elle trouvait l’uniforme trop… uniforme, elle aimait parfois y ajouter un petit quelque chose, une pacotille qui, à ses yeux, égayait un peu son apparence. Tout le contraire de l’humilité que l’on enseignait alors aux jeunes filles : tenue sévère, yeux baissés, poignée de main mollassonne, etc.
Il arriva même qu’un jour, Marie-Rose plaçât une fleur dans ses cheveux. Scandale ! On la réprimanda devant toutes les filles du couvent, et son père en fut informé. Le retour à la maison, ce vendredi soir de 1923, fut très silencieux. En bon Poitras, Joseph-Édouard avait la réputation d’être très sévère. C’est du moins ce que disait la famille de sa femme, Joséphine. Il paraît qu’on ne l’avait pas surnommé « Blacky » pour rien.
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Le miroir n’est pas très grand. Marie-Rose se voit en morceaux. Pas de vue d’ensemble. Mortifiant pour la coquetterie.
Il fait assez froid pour porter le manteau de fourrure que sa sœur Cécile lui a envoyé des États, où elle vit avec son mari Fernand Lamarre depuis son mariage en 1929. Cécile a envoyé le manteau à Marie-Rose quand elle a appris que sa jeune sœur enseignait au bout du monde, au nord de Montréal, « dans un trou perdu où il doit faire des températures comme on en connaît rarement, même pas à L’Anse-à-Gilles au bord du fleuve ». C’est ce qu’elle a écrit dans le mot qui accompagnait le manteau de fourrure.
En même temps, Marie-Rose ne veut pas « trop » s’avantager. Toute la famille de Maxime sera au dîner des Rois, c’est la première fois qu’elle y sera au grand complet. Surtout que… ce n’est peut-être qu’une impression, mais elle sent que quelque chose se prépare… Un pressentiment. Chez les Poitras, le pressentiment est très porté. On le ressent très fort. On l’examine sous toutes ses coutures. Et l’on finit par y croire. Si l’on le sent heureux, ça va, mais si au contraire… On y pense tout le temps et l’on se fait du sang de punaise.
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Maxime ne parle pas beaucoup; c’est même là un euphémisme — un mot qu’elle ne devra pas prononcer de peur de passer pour « une péteuse », comme Gabrielle, la sœur de Maxime, lui a dit un jour à propos d’une de ses cousines. En fait, Marie-Rose doit faire les frais de la conversation quand elle est avec Maxime. Il répond toujours poliment à ses questions, mais ne s’étend jamais sur un sujet… à part le bois, les moulins à scie, la belle ouvrage que son père lui a montrée dans sa boutique, où il fabrique portes et fenêtres.
Marie-Rose se souvient de sa première visite chez les Guénette. Maxime voulait la présenter à sa famille. La veille, elle avait mal dormi. Tout à coup… S’il fallait…
Marie-Rose a l’anxiété facile. C’est de famille, comme les pressentiments.
Pourtant, ce jour-là, à son retour à Montfort, en fin d’après-midi, elle a dit à Maxime :
— Merci pour cette journée. Vous avez une belle famille, du moins ceux que j’ai rencontrés. Vous êtes neuf enfants, comme dans ma famille. Maman a perdu plusieurs bébés à la naissance.
— Moman aussi, a rétorqué Maxime.
La conversation ne reprenant pas, Marie-Rose a posé sa main gantée sur le bras de Maxime et lui a dit :
— À dimanche prochain.
Sans réfléchir, Maxime s’est approché d’elle et a déposé un petit baiser sur sa joue… Marie-Rose a regardé autour. Pourvu que personne n’ait vu la maîtresse d’école se faire embrasser ! Une affaire pour qu’elle perde sa place !
Elle descend rapidement de l’auto — celle du père de Maxime — et rentre dans son école. Maxime reprend la direction de Morin-Heights dans un nuage de poussière, en se demandant s’il n’est pas allé trop loin.
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Bon ! Fini de ressasser les vieux souvenirs. Vieux… jusqu’à un certain point. Ça ne fait tout de même qu’un peu plus d’un an que Maxime et elle se fréquentent. Marie-Rose doit s’avouer qu’elle était moins sur son quant-à-soi, à L’Anse, avec Ti-Phonse Leriche, la fois que… Avant qu’elle descende du siège surélevé de la voiture à cheval de son cavalier, celui-ci lui avait donné deux becs sonores sur les joues. En mettant le pied à terre, elle avait aperçu son père sur la galerie, les bras croisés, qui la fixait. C’était la dernière fois qu’elle était sortie avec Ti-Phonse. Veto de son père qui veillait sur la vertu de ses filles.
On cogne à la porte de l’école. Ça doit être Maxime. Elle ajuste une dernière fois son chapeau, prend son réticule et va ouvrir. C’est bien lui. Sa tenue confirme un peu plus le pressentiment qui habite Marie-Rose. En effet, sous son pardessus d’hiver, Maxime porte un complet, une chemise blanche et une cravate. On a beau être le jour des Rois… Est-ce qu’il y aurait une occasion spéciale ?
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Marie-Rose est accueillie par Philias, le père de Maxime, un homme qu’elle a appris à estimer. Pendant que Léondina est aux fourneaux, c’est lui qui se charge de l’accueil avec Anne-Marie, la petite dernière.
— Bonjour, mademoiselle Poitras. Entrez, dit Philias.
— Bonjour, monsieur Guénette, lui répond Marie-Rose. Bonjour, Anne-Marie.
— Vous avez un beau manteau, lui dit la petite fille.
— Merci.
Elle remarque de plus en plus chez son Maxime — oui, ils en sont rendus là : Maxime l’appelle Rose, et ils ont laissé tomber le vouvoiement — une grande ressemblance avec son père.
Son manteau et ses bottines enlevés, Marie-Rose se dirige vers la cuisine. Il convient qu’elle offre son aide à la préparation du repas.
— Qu’est-ce que je peux faire pour vous aider, madame Guénette ?
Léondina s’arrête un moment.
— Laissez faire, mademoiselle Poitras, j’ai toute l’aide qu’il me faut.
Flora, Simone et Gaby s’activent déjà autour de leur mère.
— Allez rejoindre Maxime dans le salon. Gabrielle est là avec Léo; vous ne serez pas toute seule de femme.
Marie-Rose vit éloignée de ses parents depuis quelques années, malgré de courtes visites à L’Anse-à-Gilles, et Léondina est un peu, à ses yeux, comme une seconde mère. Elle a développé une grande affection à son égard. Une autre chose les réunit : elles sont toutes deux des « étrangères » dans le Nord; en effet, la famille de Léondina est montréalaise.
Marie-Rose s’entend bien avec Gaby, la sœur de Maxime. (On l’appelle « Gaby » pour la différencier de Gabrielle Léonard, la fiancée de Léo. Un peu plus tard, certains appelleront cette dernière « Gaby à Léo ».) Les deux femmes ont développé une belle amitié. Maxime et Marie-Rose, Gaby et son chevalier servant du moment ont souvent fait des sorties à quatre. Marie-Rose connaît moins Flora et Simone, mariées toutes les deux et déjà mamans. Elle les a rencontrées quelques fois, mais sans vraiment jaser avec elle. Gaby lui a dit que Flore avait fait un beau mariage d’amour avec son Hector « Ti-Lec » Chartier, un cultivateur de Saint-Sauveur.
En se rendant au salon, Marie-Rose entend la petite voix aiguë d’Anne-Marie — elle comprend pourquoi Maxime la surnomme « Ti-Pit ». Elle s’approche. La petite a mis son manteau de fourrure sur ses épaules et elle parade… Elle s’arrête subitement en la voyant et replace le manteau sur le lit de ses parents.
— Je montrais votre beau manteau à Marielle. C’est la fille de ma sœur Flore. Allez-vous me chicaner ?
Marie-Rose sourit et rassure la petite :
— Non, non, ne t’en fais pas. C’est un cadeau de ma sœur qui vit aux États.
— Est fine pis est riche, votre sœur.
Marie-Rose laisse les deux petites et se dirige vers le salon.
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Celui-ci est passablement enfumé. Marie-Rose rejoint Maxime, qui lui fait une place à ses côtés. À part Léo et Gabrielle — une jeune femme d’une beauté extraordinaire — tout le monde fume. Même Fernand, le plus jeune des garçons qui doit avoir à peine dix ou onze ans. Et tout le monde a un verre à la main, à l’exception encore de Léo, de Gabrielle… et de Fernand, que son père considère comme trop jeune pour prendre de la boisson, même aux fêtes. Hervé et René, en habits du dimanche, partagent un petit banc. Ils ont laissé leur place sur le divan et les fauteuils à leurs beaux-frères Hector Chartier et Lucien Rochon, le mari de Simone.
La conversation — faut-il s’en étonner — tourne autour des moulins à scie, du bois de chauffage et des portes et châssis. À un moment, monsieur Guénette demande à Marie-Rose :
— En avez-vous, par chez vous, des moulins à scie ?
Un peu surprise par la question, elle répond :
— Pas à L’Anse-à-Gilles ou au Cap-Saint-Ignace, mais plus loin dans les terres, il y en a. On a aussi des moulins où les cultivateurs font moudre leur grain.
Sur ces mots, la conversation tombe à plat. Monsieur Guénette a voulu être poli en posant cette question à Marie-Rose.
Gabrielle lui dit :
— J’ai jamais été à Québec, et encore moins plus bas. Y paraît que c’est ben beau. Les terres sont à perte de vue.
Marie-Rose sent monter en elle le mal du pays en même temps qu’un grand désir d’en parler.
— Vous pouvez pas savoir comme le fleuve me manque ! Chez nous, la maison est sur un button qui nous fait voir loin comme ça se peut pas. La terre de mon père part du fleuve jusqu’à perte de vue derrière la maison…
Elle s’arrête, perdue dans ses pensées, les yeux un peu humides.
Les conversations reprennent. René remplit les verres :
— Du fort ou de la bière ?
— Je r’prendrais ben une goutte fort, dit Maxime, qui, chose étonnante parle d’abondance avec ses deux beaux-frères. Puis, il interpelle Léo :
— Te souviens-tu d’la fois qu’on est passés au bout du pont et qu’on s’est retrouvés dans le creek— il prononce « cric » — avec notre bazou ? On r’venait de chez vous, Gabrielle. Pourtant, on avait pas bu tant que ça !
— Parle pour toi, Maxime. Moi, j’bois pas, lui rétorque Léo.
Un doute — petit, mais tout de même — s’insinue dans l’esprit de Marie-Rose : est-ce que Maxime serait amateur de boisson ? (Le doute chez les Poitras est aussi porté que le pressentiment ou l’anxiété.) Depuis qu’ils se fréquentent, elle ne l’a pourtant jamais vu boire… Peut-être un verre de bière, mais pas plus. Même lors de leurs sorties avec Gaby et son cavalier, elle ne souvient pas d’avoir vu Maxime… « chaud », comme ça semble être le cas maintenant. Il parle, il rit. Et il a les joues pas mal rouges !
Fernand veut absolument raconter une histoire. On l’écoute. Au fur et à mesure qu’il avance dans son récit, qui n’est pas bien méchant bien qu’il contienne un sacre ou deux, monsieur Guénette se rembrunit :
— Fernand !
Son fils s’arrête net dans son histoire et baisse les yeux, un peu rouge, et surtout humilié. René se moque de lui. Quant à Hervé, il partage l’opinion de son père.
Le silence qui suit est rompu par Léondina qui se présente dans la porte du salon :
— À table, tout le monde. C’est prêt.
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Ce soir-là, en se mettant au lit dans ses draps froids — l’école n’a pas été chauffée de la journée — Marie-Rose repense au dîner. Elle en a oublié de grands bouts. La nourriture était bonne et abondante. Madame Guénette a cuisiné à merveille et elle a bien formé ses filles. Mais autant de monde qui parlait en même temps l’a étourdie. Les enfants qui jouaient… Les bébés qui pleuraient…
Il y a cependant un moment du repas qu’elle ne risque pas d’oublier…
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Au dessert, Simone dépose devant sa mère un magnifique gâteau. La tradition — européenne — de la galette des Rois ne s’est pas encore rendue dans les Laurentides. Il est à parier que celle du plum-pudding est cependant bien installée chez les nombreux anglophones, surtout Irlandais et Écossais, du Nord. Marie-Rose y a goûté chez ses amies irlandaises de Montfort. Elle a été polie, mais pas au point d’en reprendre…
Madame Guénette coupe une généreuse portion de gâteau qu’elle offre à Marie-Rose. Celle-ci ne comprend pas pourquoi elle n’a pas d’abord servi son mari, le « maître » de la maison, comme ont dû l’appeler les guignoleux, au jour de l’An. Son pressentiment la reprend… Elle regarde autour d’elle.
René pousse Hervé du coude…
Fernand et Anne-Marie se regardent en souriant…
Quand tout le monde est servi, chacun et chacune attaquent sa portion de gâteau. Se rendant compte que Marielle et Anne-Marie semblent déçues du tout petit morceau que leur mère leur a servi, Marie-Rose, par gentillesse, leur propose de partager sa portion qu’elle juge trop généreuse. Elle n’a pas la dent sucrée. Tout le contraire de Maxime qui dévore littéralement son morceau de gâteau.
— Mademoiselle Poitras, pas de passe-droit !
C’est madame Guénette qui a parlé.
Les petites baissent le nez vers leur assiette et leur maigre portion.
Dès la première bouchée, Marie-Rose est conquise. Une pure merveille, pense-t-elle. Même Joséphine, sa mère, n’a jamais fait un aussi bon gâteau. Elle prend une deuxième bouchée, puis… Elle porte la main à sa bouche…
— C’est vous qui avez la bine, mademoiselle Poitras ! dit Anne-Marie, qui a déjà oublié sa déception. Vous êtes la reine !
Marie-Rose rougit, car l’attention de tous les convives se porte soudain sur elle. Mais elle n’est pas au bout de ses surprises.
En effet, monsieur Guénette se lève, l’air sérieux. Toutes les têtes tournent dans sa direction, au grand soulagement de Marie-Rose…
— Mademoiselle Poitras, dit-il, Maxime aimerait ben ça se marier avec vous.
Tous les regards se tournent à nouveau vers Marie-Rose, qui a brusquement tourné à l’écarlate et arrêté de respirer.
Monsieur Guénette reprend :
— Comme votre père est ben loin d’icitte et que je peux pas y parler, je vous demande votre main pour mon Maxime.
Marie-Rose sent que, si elle ne bouge pas au plus vite, elle risque de se transformer en statue de sel, comme elle ne sait plus qui; elle avait pourtant eu de bonnes notes en histoire sainte. Elle regarde vers Maxime, qui sourit en attendant sa réponse.
Reprenant son souffle, elle finit par dire :
— Oui, j’accepte.
On applaudit. Maxime se lève et amorce un rapprochement…
— Mais j’aimerais bien écrire à mes parents pour les prévenir, ajoute Marie-Rose.
Maxime se rassoit.
— Franchement, Marie-Rose, t’as 24 ans. La Sainte-Catherine te guette… T’as pas à demander la permission à ton père pour te fiancer.
Gaby connaît assez bien sa future belle-sœur. Ses paroles détendent l’atmosphère.
— C’est beau de votre part, mademoiselle Poitras, de respecter vos parents, dit Philias.
Gaby revient à la charge :
— Vous êtes fiancés ! Un bec ! Un bec !
Anne-Marie et Marielle reprennent en chœur :
— Un bec ! Un bec !
Maxime se lève. Marie-Rose aussi. Ils échangent un petit baiser sur la bouche.
On les applaudit à nouveau.
— Maintenant que vous faites partie de la famille, dit madame Guénette, est-ce que je peux vous appeler Marie-Rose.
— C’est sûr. Tout le monde peut m’appeler Marie-Rose.
Puis les conversations reprennent comme si rien de spécial ne s’était passé. Seules Anne-Marie et Marielle regardent Marie-Rose en souriant.
Après…
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Marie-Rose se souvient que madame Guénette — elle n’osera jamais l’appeler Léondina, ça ne se fait pas — n’a pas voulu qu’elle participe à la corvée de la vaisselle.
— Vous allez en faire pas mal quand vous serez mariée et que vous aurez des enfants. Reposez-vous en attendant.
Ensuite…
Elle n’a aucun souvenir du voyage de retour à Montfort, à part l’autre petit baiser échangé avec Maxime avant qu’elle descende de l’auto.
Après avoir mis une bûche dans le poêle à bois, Marie-Rose s’assoit à son pupitre de maîtresse d’école et écrit à ses parents. Elle espère que sa mère lira sa lettre avant son père. Elle arrondira les coins…
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C’est que Joseph-Édouard, son père, a parfois « la mèche courte », surtout quand il a ses maux de tête. Il lui arrive même de se rendre dans la grange pour crier tout son saoul quand il a trop mal. À son retour à la maison, tout le monde file doux. Il entre dans sa chambre. Joséphine le rejoint avec des cataplasmes de tranches de patates. Les filles et les tantes qui habitent avec la famille se concentrent sur leur broderie ou sur leur tricot. On entendrait une mouche voler. Quant aux deux vieux oncles, ils n’ont pas à se servir de leur cornet pour suivre les conversations puisque personne ne parle.
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Elle ne sait pas si elle doit vraiment parler de ses « fiançailles », alors que Maxime ne lui a pas offert de bague en signe d’engagement. Elle se dit que ça viendra peut-être plus tard…
La fatigue la gagne… Elle terminera sa lettre demain avant que ses élèves arrivent à l’école.
Elle n’a pas faim. Elle a trop mangé, le midi. Elle avait senti que quelque chose se passerait ce jour-là. Son pressentiment s’était avéré.
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Elle éteint sa lampe à l’huile. Mais le sommeil tarde. Elle est fiancée ! Du moins ça en a tout l’air.
Brusquement, un autre souvenir refait surface. Elle était sur le point de partir quand madame Guénette lui a dit que la maîtresse d’école de Morin-Heights se mariait l’été suivant.
— Pourquoi vous feriez pas application, Marie-Rose ? Ça vous rapprocherait de Maxime, et de nous autres aussi. Je suis certaine que c’est mieux payé qu’à Monfort. C’est plus confortable aussi; l’hiver, quelqu’un s’occupe de chauffer l’école, et vous n’avez pas à fendre votre bois. Vous pourriez rester chez ma belle-sœur Manda.
Marie-Rose ne sait pas encore que, pour le meilleur et pour le pire, Manda sera très présente dans sa vie. Mais n’anticipons pas.
Elle remonte la catalogne jusque sous son menton. Sa respiration se fait plus lente. Elle s’endort.
Le lendemain matin, il fait une tempête à ne pas voir le voisin… Aucun élève ne se présente à l’école. Marie-Rose aura tout le loisir de ressasser les souvenirs de la veille.
J’aime beaucoup vos textes. Intéressants et vivants. Je crois que nous nous sommes connus lorsque je fréquentais l’École des frères Maristes à Mont-Rolland ou au tout début de l’École secondaire Augustin-Norbert-Morin.
Je poursuis ma lecture. Merci.
Pierre Simoneau