Simone a fait ses tartes aux pommes, celles qu’elle réussit le mieux, même si toutes les autres valent le déplacement.
Lucien a préparé un stock de rouleuses, de bière et de «fort».
C’est l’anniversaire d’Arsène, le plus jeune des gars, qui a rejoint sa famille en mai dernier.
Simone et Lucien ont invité le monde — «comme dans l’temps du jour de l’an —, sauf Jeannine qui n’a pas encore fait le grand saut dans cet inconnu où ils «vivent» depuis un bon bout de temps déjà.
Jean-Paul «Caillou» s’est un peu fait tirer l’oreille; il n’est pas vraiment un gars de party.
Denis n’aurait manqué pour rien au monde — peut-être faudrait-il dire «au paradis» — la fête d’anniversaire de son jeune frère.
Fleurette a mis sa plus belle robe; elle est arrivée au bras de Gaston, son mari.
Léandre, comme toujours, s’est mis sur son 36; il a même une fleur à la boutonnière. Sa jumelle l’accompagne. Elle n’a malheureusement pas survécu à leur naissance.
Roger est là, lui aussi. Il n’est pas sûr qui, de lui ou de sa soeur Fleurette, a franchi le premier le mur vers l’invisible. De toutes façons, il est bien content de revoir son monde. Marguerite l’accompagne, comme au doux temps de leurs amours.
Quand Arsène fait son entrée, ils sont tous là pour lui chanter «Bonne fête»! Ils lui disent aussi que c’est à son tour de se laisser parler d’amour.
Il pleure; il a déjà avoué à un de ses cousins qu’il devenait un peu «braillard» en vieillissant.
Il sait que, dans cet ailleurs qu’il a quitté, Louise, sa conjointe, ses enfants, France, Chantal, Martin et Normand ainsi que Lucille, leur mère, pensent à lui en ce grand jour. Et ses cousins. Et ses cousines. Et sa tante Anne-Marie, la plus jeune sœur de sa mère.
Simone embrasse son fils tendrement. Elle a tellement aimé ses enfants. Lucien n’est pas en reste, mais, par pudeur typiquement masculine d’un temps passé, il donne une solide poignée de main à Arsène.
Simone et Lucien ont même invité un violonneux, qui, d’ltemps, était de toutes les noces à Mont-Rolland.
Le party va pogner! Arsène va même s’offrir pour être le barman. Il connaît bien le métier.