Lettre

Chers amis? (le point d’interrogation est voulu)

Ce qui s’annonçait comme un lunch de retrouvailles s’est terminé dans un embarras… très malaisant, pour utiliser un néologisme à la mode. 

Je veux ici m’excuser pour l’impair que j’ai commis. J’hésitais depuis un bon moment à me rendre à l’évidence que je ne «fittais» plus dans l’air du temps, du moins dans le vôtre. Peut-être ne voulais-je pas m’en rendre compte. Peut-être espérais-je que je me faisais des idées. Cela aurait été normal à mon âge, surtout chez quelqu’un dont la tête n’est pas des plus solides. Maintenant, c’est fait. Et je l’assume.

Que voulez-vous? Comme on disait, dans le temps, je suis «ancien». J’ai encore certaines valeurs qui collent à ma vieille peau. L’une d’elles est l’importance que j’accorde à l’amitié. Pour moi, du moins me semble-t-il, l’amitié est comme une allée où l’on ne craint pas à tout moment de trébucher. Avec des amis, on ne devrait pas avoir l’impression — encore une lubie de vieux — de préparer une omelette avec les œufs sur lesquels on marche. L’image est facile, j’en conviens. Mais, comme chantait Martin Léon, «c’est ça qu’y é ça».

Mea culpa! Mea culpa! Mea maxima culpa! 

Un alzheimer naissant m’a sans doute fait oublier qu’en bonne société — même amicale —, l’argent et la maladie sont des sujets tabous qui relèvent du privé. J’ai osé vous «partager» mes soucis financiers. Si j’avais le moindrement réfléchi, j’aurais dû penser que ceux-ci n’intéressent personne, même pas vous. 

Étonnement. Doute. Silence malaisé. Long silence de votre part. 

Compassion, encouragement, compréhension? Tous aux abonnés absents. 

Silence malaisant. Long silence.

On règle les additions. 

Départ frileux. 

Je rentre dans mon Centre-Sud, mon petit paquet de soucis sous le bras, pendant que vous remontez la côte qui, heureusement, vous en sépare. Je me retire dans mon appartement «de pauvre»… avec, tout de même, vue sur le fleuve.

Soyez rassurés : cela ne se reproduira jamais. Désormais, je vivrai mes soucis en silence, comme une maladie honteuse dont on ne doit pas parler dans le beau monde.

Comme disait la dame dans une publicité : « Je note! » Et c’est noté pour longtemps.

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About pgue

Auteur, rédacteur, scripteur et «prête-plume», comme on dit maintenant dans le métier.
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