Une publicité télévisée me turlupine depuis quelque temps. Des jeunes, que l’on nous présente comme les leaders de demain, parlent de leur ouverture d’esprit, de leur estime d’eux-mêmes. L’une d’entre eux dit alors cette phrase (je la cite de mémoire) : « Nous acceptons tout le monde sans jugement. » Et elle s’en vante, la pauvre (j’ai failli écrire : l’idiote, mais je me suis retenu)!
Manquer de jugement serait-il devenu une vertu citoyenne? On a vu depuis la semaine dernière ce que cela donne de pratiquer cette vertu.
Mardi soir dernier, un petit groupe racialisé et fascisant, qui se dit de gauche, crie à l’appropriation culturelle après avoir vandalisé les affiches du spectacle Slav au TNM, et, accessoirement, crie des injures au public qui se présente au théâtre. Le porte-parole de ce groupuscule, qui parle un français plus que minable, se fait aller les baguettes au micro d’un journaliste complaisant, le même qui donnera une semaine plus tard la parole à trois personnes favorables à l’annulation du spectacle et à une seule (le critique Sylvain Cormier), qui trouve pour sa part qu’il s’agit là d’un acte grave de censure. Heureusement, le Festival de jazz résiste aux pressions. Mais c’est de courte durée.
Quelques jours plus tard, sans doute contaminé par la même vertu citoyenne, le Festival fait volte-face et annule le spectacle. Il s’excuse même : Les fascistes avait raison. On ne voulait tellement pas leur faire de peine. Qu’il nous pardonne, nous ne savions pas ce que nous faisions.
Et autour, le troupeau bêle! Mouton un jour, mouton toujours! Peuple à genoux! Il se laisse dire par ce groupuscule ce que Duplessis disait à ses adversaires : « Toé, tais-toé! » Et il bêle, le troupeau!
Bien sûr, des voies s’élèvent. Paul Arcand, Denise Filiatrault et plusieurs autres réagissent. Mais, c’est trop tard. Le Festival de jazz a cédé aux pressions des nouveaux curés vertueux qui prêchent le manque de jugement. Il est devenu leur esclave. Rien de bien glorieux, mais un exemple de vertu.
Je me suis toujours considéré comme plutôt à gauche. Cependant si, être de gauche, c’est parler de « ma matrimoine » au lieu de mon patrimoine (gloire à Québec Solidaire); c’est écrire que les femmes sont « heureuxes » (comme je l’ai lu dernièrement); c’est me considérer en tout et en partie comme une victime; c’est accepter qu’une caissière me dise de me mêler de mes affaires quand je lui demande gentiment si elle va bien (ça m’est arrivé dernièrement); c’est ne pas crier des noms à un quêteux “de couleur” qui, lui, m’en crie parce que je ne lui ai pas assez donné d’argent…
Si, être de gauche, c’est tout cela, et bien d’autres choses encore, je vire à droite. Dommage que Camil Samson soit décédé, j’adhérerais à son parti.
Et, comme disait De Niro à Trump : F… la gauche!