La joie par le travail

Je crois que cette expression, qui coiffe cette chronique, vient d’un film de David Lean. Il me semble qu’un méchant Japonais, chef d’un camp de travail, disait cette consigne à Alec Guinness, qui jouait un officier britannique prisonnier du méchant Japonais en question. Ce devait être  dans Le pont de la rivière Kwaï.

Comme toujours, je pars de loin pour arriver au cœur de mon sujet. Et celui-ci, pour une fois, concerne mon travail. C’est en effet une joie de réviser le manuscrit d’une amie qui m’est chère, et ce, depuis les années 1970. Elle a écrit un roman pour enfants pétillant, léger comme les bulles du champagne, que nous buvions à l’époque, et dont j’ai oublié la marque. Handicap majeur pour elle : le sujet lui a été imposé. Elle a répondu à une commande!

Pour elle qui a fait de sa vie une création — elle est apparue à son mariage quasi féérique, la tête ceinte de fleurs — entrer dans l’esprit d’autres créateurs et leur fournir ce à quoi ils s’attendent, c’est déjà en soi un exploit. Mais le réussir, ledit exploit, c’est un cran au-dessus.

Chapeau! elle a donné du sens à l’expression passe-partout que l’on n’entend que trop souvent, surtout depuis quelques années : elle a relevé le défi! Et, moi, chanceux, je suis parmi ses premiers lecteurs; je révise son manuscrit, le sourire aux lèvres. Je tique bien, ici et là, à certaines professions de fois écolos de ses personnages. Mais rien pour ternir mon plaisir. Que voulez-vous, je suis vieux, et un certain discours écologiste me fait parfois gercer les lèvres. Mais je comprends qu’il faut ce qu’il faut quand on s’adresse à notre belle jeunesse qui, bientôt, nous fera signe de nous éclipser, comme leurs parents le font depuis déjà quelques années. On leur enseigne, dès la maternelle, que ce sont leurs grands-parents qui ont bousillé la planète. La vie y était belle et douce avant que le babyboom n’engendre ces monstres destructeurs!

Mais, je l’ai dit, le message m’a à peine fait tiquer. Le plaisir de la lecture de cette œuvre — c’en est une — me l’a vite fait oublier. Et quand j’en aurai terminé la lecture, je me dirai que je n’ai pas travaillé pour rien, et que cela a été une joie de le faire.

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About pgue

Auteur, rédacteur, scripteur et «prête-plume», comme on dit maintenant dans le métier.
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2 Responses to La joie par le travail

  1. Avatar de Bernard Bernard dit :

    Wow, Pierre, je suis émue ! Je suis bien contente que tu aimes « ma guerre ». En effet, je me suis battue avec quelques ennemis, entre autres, les temps de verbe et tous ces dialogues. Mais j’ai tellement aimé cette aventure ! Et tu sais, pour le discours écologique, il y a une maxime qui dit que l’on n’enseigne bien que ce que l’on doit apprendre… Merci pour cette belle reconnaissance, cela me fait beaucoup de bien.

  2. Avatar de Bernard Bernard dit :

    Au fait, c’était La Veuve Clicquot, seules bulles auxquelles la belle Hélène n’était pas allergique, selon ses dires. Délicieux !

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