Si j’étais sportif, je dirais que je suis à la mi-temps de mon match contre la tumeur infâme. Je refuse toujours de dire « ma » tumeur. J’espère que je ne la déçois pas trop en ne la reconnaissant pas comme mienne. J’ai lu quelque part — un lien que je ne suivrai plus sur Internet — qu’il faut être gentil avec sa tumeur. Il ne faut pas se la mettre à dos à moins qu’elle n’y soit déjà… Mauvais jeu de mots. Esprit embrouillé. Pas vraiment le goût de rire.
Anniversaire donc, demain. Il ne me restera plus que dix-sept traitements. Et combien de jours à en endurer les effets secondaires? Mais paraît-il qu’il faut ce qu’il faut. C’est un adage qui circule dans les salles d’attente de l’hôpital Notre-Dame. Mieux vaut souffrir que mourir. Un jour à la fois. « Aide-toi, mon p’tit gars, et le ciel t’aidera », comme chantait Marc Gélinas quand j’étais petit. Je me permettrai peut-être un verre de vin pour célébrer cette mi-temps.
J’entends mes supporters — pour rester dans la métaphore hockeyienne — me crier : Go, Pierre, go!
Et dire que j’étais un piètre hockeyeur. Très piètre même. Je patinais sur la bottine et, sans lunettes, je courais des rondelles imaginaires dans tous les coins de la patinoire sans me soucier des lignes rouges ou bleus. À l’époque, les mots intimidation et harcèlement n’existaient pas. Mais le mot « humiliation », lui, existait. Et certains de mes confrères, sans compter l’horrible maître de salle, la pratiquaient abondamment à mon égard. Je me suis vengé quand, en désespoir de cause, et beaucoup plus tard, on a décidé de me nommer arbitre. Mais c’est une autre histoire.
Je suis de tout coeur avec toi pour célébrer ta mi-temps. Bonne idée le petit verre de vin pour célébrer la vie. Je t’embrasse.