Voici déjà l’automne,
les feuilles tourbillonnent
dans les premiers sanglots du vent.
Les yeux fermés j’appelle
ton image infidèle
disparue dans le clair printemps,
mais…
Souvenir. Le téléviseur est ouvert. Nous n’avons pas le choix de la chaîne — à l’époque on disait le « canal »; il n’y a que Radio-Canada/CBC. Et c’est en noir et blanc.
Ce doit être à l’automne de 1955.
De quelle émission s’agit-il? Je ne sais pas, mais je revois clairement le décor : un piano, un accompagnateur et une chanteuse. Elle chante Concerto d’automne, une chanson, je crois, de Charles Aznavour. C’est à vérifier.
Elle s’appelle Simone Quesnel. Je ne sais pas encore qu’elle a été une contralto renommée, qu’elle a fait de la tournée au Canada avec une société d’opéra, et, après un virage vers la chanson, qu’elle sera le professeur de chant — on ne féminisait pas alors — de Diane Dufresne et de Pierre Lalonde, entre autres.
Debout, bien droite, une main appuyée au piano, elle chante ces paroles tristes avec une telle douleur dans la voix…
Moi, je l’écoute. Je suis encore un enfant, mais je suis tout de même fasciné. Au point de retenir les paroles de la chanson. D’une partie du moins.
Aujourd’hui, c’est la fin de l’été. Demain, on entrera en automne. Et ce souvenir musical remonte à mon esprit.
Avant que Les feuilles mortes ne devienne notre chanson d’automne, à certains amis et à moi — l’un d’eux, je crois, l’écoute encore religieusement tous les 21 septembre —, il y a eu ce Concerto d’automne, qui a marqué mon enfance, un soir devant la télé noir et blanc.